par ces réclamations, se faisaient un petit parti dans
le peuple. Cet usage barbare de punir de mort poulies
opinions, introduit dans l’Église chrétienne à la
fin du quatrième siècle par le tyran Maxime, a subsisté
depuis plus constamment qu’aucun autre point
de la discipline ecclésiastique. Les Albigeois ne s’étaient répandus que dans quelques provinces ; une
croisade prêchée contre eux étouffa cette hérésie
dans le sang de deux ou trois cent mille hommes ;
les souverains de la Bohême commirent la faute de
risquer leur trône, et de détruire leur pays pour
assurer au clergé le maintien de sa puissance, et l’hérésie des Hussites fut anéantie. Ces événements
avaient peu influé sur le reste de l’Europe. Chaque
opinion n’était répandue que dans le pays où elle
avait pris naissance. L’invention de l’imprimerie vint
tout changer. Un auteur se faisait entendre à la fois
dans tous les pays où sa langue était connue. Un
livre écrit en latin était lu dans toute l’Europe. Le
clergé crut pouvoir employer, au seizième siècle,
les mêmes armes qu’au treizième, et il se trompa :
ceux qu’il persécutait plaidèrent leur cause au tribunal de toutes les nations, et la gagnèrent auprès
de quelques-unes.
La destruction des abus de la puissance ecclésiastique était le vœu secret de tous les hommes instruits et vertueux, de tous les princes, de tous les magistrats de l’Europe. Mais, par malheur, ceux qui attaquèrent ces abus étaient théologiens par état ; ils mêlèrent à leurs réclamations des opinions théologiques. Ces questions, sur lesquelles presque per-