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NOTES


mal d’après ces idées, les altèrent en y mêlant des idées accessoires, etc., comme ces mêmes êtres peuvent se tromper sur d’autres objets ; mais puisque tout être raisonnant juste sera conduit aux mêmes idées en morale comme en géométrie, il n’en est pas moins vrai que ces idées ne sont point arbitraires, certaines et invariables. Elles sont, en effet, la suite nécessaire des propriétés des êtres sensibles et capables de raisonner ; elles dérivent de leur nature ; en sorte qu’il suffit de supposer l’existence de ces êtres, pour que les propositions fondées sur ces notions soient vraies ; comme il suffit de supposer l’existence d’un cercle, pour établir la vérité des propositions qui en développent les différentes propriétés. Ainsi, la réalité des propositions morales, leur vérité, relativement à l’état des êtres réels, des hommes, dépend uniquement de cette vérité de fait : les hommes sont des êtres sensibles et intelligents.

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PUCELLE (L'ABBÉ) [1].


L’abbé Pucelle était neveu de M. de Catinat. Sa mère accordait à son frère aîné une préférence que les premières années de la jeunesse du cadet semblaient excuser, et qui cependant était la seule cause de ces erreurs, dans un homme qui était né avec un caractère très-ferme et une âme ardente. Elle le déshérita ; il n’avait encore aucun état, quoiqu’il eût été tonsuré dans son enfance. Son frère vint le trou-

  1. Voltaire, tome XlI, p. 21.