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SUR VOLTAIRE.


l’Etat, de laisser aux prêtres la libre disposition des sacrements, des censures, des fonctions ecclésiastiques ; mais de ne donner aucun effet civil à aucune de leurs décisions, de ne leur donner aucune influence sur les mariages, sur les actes qui constatent la mort ou la naissance ; de ne point souffrir qu’ils interviennent dans aucun acte civil ou politique, et déjuger les procès qui s’élèveraient, entre eux et les citoyens, pour des droits temporels relatifs à leurs fonctions, comme on déciderait les procès semblables qui s’élèveraient entre les membres d’une association libre, ou entre cette association et des particuliers. Si Constantin eût suivi cette politique, que de sang il eût épargné ! Dans tous les pays où le prince s’est mêlé de la religion, à moins que, comme celle de l’ancienne Rome, elle ne fût bornée à de pures cérémonies, l’État a été troublé, le prince exposé à tous les attentats du fanatisme, et l’indifférence seule pour la religion a pu amener une paix durable.

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PROPOSITIONS MORALES.


Sur leur réalité et leur vérité [1].


L’idée de la justice, du droit, se forme nécessairement de la même manière, dans tous les êtres sensibles capables des combinaisons nécessaires pour acquérir ces idées. Elles seront donc uniformes. Ensuite il peut arriver que certains êtres raisonnent

  1. Voltaire, tome XXX, p. 131.