Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/551

Cette page n’a pas encore été corrigée
537
SUR VOLTAIRE.


conséquence, el à juger quelle confiance ils doivent avoir à une société d’hommes qui prêche tour à tour le pour et le contre, et n’a été constante que dans les principes qui font un devoir de conscience d’employer la guérie ou les supplices pour maintenir son autorité.


Sur l'intérêt des princes à séparer la religion de l’État[1].


Les troubles religieux, qui ont si longtemps déchiré l’Europe, ont pour première origine la faute que firent les premiers empereurs chrétiens de se mêler des affaires ecclésiastiques, à la sollicitation des prêtres qui, n’ayant pu, sous les empereurs païens, que diffamer ou calomnier leurs adversaires, espérèrent avoir sous ces nouveaux princes le plaisir de les punir. Soit mauvaise politique, soit vanité, soit superstition, on vit le féroce Constantin, non encore baptisé, paraître à la tête d’un concile. Ses successeurs suivirent son exemple, et les troubles qui ont depuis agité l’Europe furent la suite nécessaire de cette conduite. En effet, dès que l’on établit pour principe que les princes sont obligés en conscience de sévir contre ceux qui attaquent la religion de statuer une peine, quelle qu’elle soit, contre la profession ouverte ou cachée, l’exercice public ou secret d’aucun culte, la maxime que les peuples ont le droit, et même sont dans obligation de s’armer contre un prince hérétique ou ennemi de la religion, en devient une conséquence nécessaire. Les droits des

  1. Tome XVIII, p. 475