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NOTES


tieux de ses États le seul moyen de renverser son trône qu’ils puissent employer avec succès.


Sur la défiance que doivent avoir les princes, des maximes séditieuses professées par le clergé [1].


M. de Voltaire connaissait mieux que personne la liaison étroite et nécessaire qui existe entre ces maximes séditieuses et celles de l’intolérance religieuse ; mais il fait ici au clergé de France, à la Sorbonne, aux jacobins, l’honneur de croire qu’ils les ont également abjurées.

Il n’est peut-être pas inutile d’observer que, dans les ouvrages ou les curés de Paris reprochèrent aux jésuites la doctrine de l’homicide, ils avancèrent que l’assassinat n’est permis que dans le cas d’une révélation particulière, et que le droit de vie et de mort est le plus illustre avantage des souverains ; le génie de Pascal s’abaissait à mettre en bon français ces maximes non moins insensées qu’abominables.

Observons encore qu’avant les troubles religieux du seizième siècle, les papes et le clergé exhortaient les princes à employer les supplices contre les novateurs, sous prétexte que de l’indépendance religieuse on voudrait passer à l’indépendance politique. Quelques années après, ils enseignèrent aux sujets à se révolter contre les princes hérétiques ou excommuniés. Maintenant ils sont revenus à la première maxime, qu’ils cherchent à faire valoir contre les libres penseurs ; nous laissons aux princes à tirer la

  1. Tome XIX, p. 29