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SUR VOLTAIRE.


perpétuelles el générales, elles ne servent qu’à rompre l’équilibre qui dans l’état de liberté s’établit naturellement entre les productions et les besoins de chaque espèce.

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PRINCES.


Sur le parti que les princes ont à prendre, ou d’obéir au peuple en fait de religion, ou d’éclairer le peuple[1].


Le dernier parti serait le plus noble et le plus sur. Les princes ont cru faire un grand trait de politique en se parant d’un zèle religieux, et ils n’ont fait par là que se mettre dans la dépendance des fanatiques de leur secte, et assurer aux partis politiques, soulevés contre eux, l’appui du fanatisme de toutes les autres ; or cet appui seul a pu donnera ces partis la force de résister à l’autorité royale ou de la détruire.

Il n’est pas même nécessaire, pour la sûreté et l’indépendance d’un prince, qu’il s’occupe directement du soin d’éclairer ses sujets ; il suffit qu’il cesse de protéger, et surtout de payer ceux dont le métier est de les tromper.

Dans l’état actuel de l’Europe, toute révolution prompte est impossible, à moins que le fanatisme religieux n’en soit un des mobiles. Ainsi, tous les soins que prend un prince pour protéger la religion et empêcher le peuple de secouer le joug des prêtres, n’ont d’autre effet que de conserver aux fac-

  1. Voltaire, tome XIX, p. 177.