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NOTES


mole encore des victimes, et dont les partisans payent encore des apologistes pour justifier ses anciennes fureurs.

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PRIMES [1].


Les sommes employées à payer les primes sont levées sur la nation, ce qu’il ne faut point perdre de vue. L’effet d’une prime est d’augmenter, pour le commerçant, l’intérêt des fonds qu’il met dans le commerce ; il peut donc se contenter d’un moindre profit. Ainsi, l’effet de ces primes est d’augmenter le prix des denrées pour le vendeur, ou de le diminuer pour l’acheteur, ou plutôt de produire à la fois les deux effets. Lorsqu’elles ont lieu seulement pour le commerce d’un lieu à un autre, leur effet est donc d’augmenter le prix au lieu de l’achat, et de le diminuer au lieu delà vente. Ainsi, proposer une prime d’exportation, c’est forcer tous les citoyens à payer, pour que les consommateurs d’une denrée l’achètent plus cher, et que ceux qui la récoltent la vendent aussi plus cher.

Proposer une prime d’importation, c’est forcer tous les citoyens à payer, pour que ceux qui ont besoin de certaines denrées puissent les acheter à meilleur marché.

L’établissement de ces primes ne peut donc être ni juste ni utile que pour des temps très-courts et dans des circonstances particulières. Si elles sont

  1. Voltaire, tome XXI, p.191