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SUR VOLTAIRE.

chute du paganisme. Aristote eut un sort semblable : sa méthode de philosopher ne passa point à ses disciples ; on ne chercha point à étudier la nature, à son exemple, dans les phénomènes qu’elle présente. Quelques subtilités métaphysiques, bonnes ou mauvaises, extraites de ses ouvrages, des principes vagues de physique, tribut qu’il avait payé à l’ignorance de son siècle, devinrent le fondement d’une secte qui, s’étendant des Arabes aux Chrétiens, régna souverainement pendant quelques siècles dans les écoles de l’Europe, n’ayant plus rien de commun avec Aristote que son nom.

Ainsi, Platon et Aristote, après avoir été longtemps l’objet d’une espèce de culte, durent devenir presque ridicules aux premières lueurs de la vraie philosophie. On ne les connaissait plus que par leurs erreurs et par quelques rêveries qui servaient de bases à des sottises sans nombre. C’est contre ces rêveries seules que M. de Voltaire s’est permis de s’élever quelquefois, et aux dépens desquelles il ne croyait pas que le respect qu’on doit au génie de Platon ou d’Aristote dût l’empêcher de faire lire ses lecteurs.


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PLUQUET [1].


Dans un ouvrage intitulé : Dictionnaire des hérésies, par un professeur de morale au collège royal, on a fait l’apologie de Sigismond ; il est certain, ce-

  1. Voltaire, tome XVII, p. 288.