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NOTES


des tableaux par lesquels il amusait l’invagination, des détours agréables par lesquels il conduisait ses lecteurs, il pourrait faire passer un petit nombre de vérités utiles, sans s’exposer aux persécutions des prêtres et des aréopages. Mais, par une fatalité singulière, le sage esprit de doute, ce goût pour l’astronomie et les mathématiques, conservé dans l’école de Platon, tombèrent avec cette école ; ses rêveries seules subsistèrent, devinrent des mystères sacrés, et règnent encore sur des esprits auxquels le nom de Platon n’est pas même parvenu.

Aristote, son disciple et son rival, prit une autre route ; il se bornait à exposer, avec simplicité, ce qu’il croyait vrai. Son histoire des animaux, et même sa physique, pouvaient apprendre aux Grecs à connaître la nature et à l’étudier. L’idée de réduire le raisonnement à des formes techniques, est une des choses les plus ingénieuses que jamais l’esprit humain ait découvertes. Sa morale est le premier ouvrage où l’on ait essayé d’appuyer les idées de vice, de vertu, de bien et de mal, sur l’observation et sur la nature. Ses ouvrages sur l’éloquence et la poésie renferment des règles puisées dans la raison et dans la connaissance du cœur humain.

Mais, comme Pythagore, il fut trop au-dessus de son siècle. On sait que ce philosophe avait enseigné à ses disciples le vrai système du monde, et que peu de temps après lui cette doctrine fut oubliée par les Grecs, qui ne paraissaient s’en souvenir dans leurs écoles que pour la combattre. Mais les rêveries attribuées à Pythagore eurent des partisans jusqu’à la