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SUR VOLTAIRE.


pour se mettre à sa place, de lui imposer un tribut après l’avoir vaincu, ou de subjuguer un peuple. Les Romains conquirent la Gaule, l’Espagne ; les chefs des Goths et des Francs ne firent que chasser les Romains et leur succéder.

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PLATON [1].


M. de Voltaire s’est égayé quelquefois sur Platon, dont le galimatias, regardé autrefois comme sublime, a fait plus de mal au genre humain qu’on ne le croit communément.

Il est difficile de comprendre comment un philosophe qui écrivit sur la porte de son école : Que celui qui ignore la géométrie n’entre point ici ; qui fit lui-même des découvertes dans cette science, dont les premiers disciples inventèrent les sections coniques, dont l’école produisit presque tous les géomètres et les astronomes de la Grèce, qui enfin fut le fondateur d’une secte de sceptiques ; comment Platon, en un mot, put débiter si sérieusement tant de rêveries dans ses dialogues, écrits d’ailleurs avec tant d’éloquence, et où l’on trouve souvent tant d’esprit, de bon sens et de finesse.

On peut croire qu’effrayé par l’exemple de Socrate, il ne voulut révéler, dans ses dialogues, que la demi-philosophie, qu’il croyait à la portée du vulgaire. Il espérait qu’à la faveur de ses systèmes,

  1. Voltaire, tome XLV, p. 435.