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VIE DE VOLTAIRE.


Voltaire pour passer avec lui des jours remplis par te travail, et embellis par leur amitié commune.

Fatigué de querelles littéraires, révolté de voir la ligue que la médiocrité avait formée contre lui, soutenue en secret par des hommes que leur mérite eût dû préserver de cette indigne association ; trouvant, depuis qu’il avait osé dire des vérités, autant de délateurs qu’il avait de critiques, et les voyant armer sans cesse contre lui la religion et le gouvernement, parce qu’il faisait bien des vers, il chercha dans les sciences une occupation plus tranquille.

Il voulut donner une exposition élémentaire des découvertes de Newton sur le système du monde et sur la lumière, les mettre à la portée de tous ceux qui avaient une légère teinture des sciences mathématiques, et faire connaître en même temps les opinions philosophiques de Newton, et ses idées sur la chronologie ancienne.

Lorsque ces éléments parurent, le cartésianisme dominait encore, même dans l’Académie des sciences de Paris. Un petit nombre de jeunes géomètres avaient eu seuls le courage de l’abandonner, et il n’existait, dans notre langue, aucun ouvrage où l’on pût prendre une idée des grandes découvertes publiées en Angleterre depuis un demi-siècle.

Cependant on refusa un privilège à l’auteur. Le chancelier d’Aguesseau s’était fait cartésien dans sa jeunesse, parce que c’était alors la mode parmi ceux qui se piquaient de s’élever au-dessus des préjugés vulgaires ; et ses sentiments politiques et religieux s’unissaient contre Newton à ses opinions philoso-