gnons de Colomb avaient portée en Espagne. (Mémoires de Saint-Philippe.) A peine sortis d’une ville, les partisans de archiduc entendaient le bruit des réjouissances que le peuple faisait en l’honneur de Philippe. Mais la nation arragonaise penchait pour l’archiduc. La haine entre les deux nations semblait s’être réveillée. Les Espagnols des deux partis montrèrent
dans cette guerre le même caractère qu’ils
avaient déployé dans leurs guerres contre les Carthaginois et les Romains. La domination de Rome,
des Goths et des Maures, la révolution dans la religion
et dans le gouvernement, ne l’avaient point
changé. Plusieurs villes se défendirent comme Sagonte
et comme Numance ; mais, comme dans ces
anciennes époques, nulle réunion entre les différents
cantons, nul effort suivi et combiné : cette force de
caractère ne se montrait que quand ils étaient attaqués, et alors elle devenait indomptable.
Les Catalans furent dépouillés de leurs privilèges ; heureusement ces prétendus privilèges n’étaient que des droits accordés aux villes et aux riches, aux dépens des campagnes et du peuple. Depuis leur destruction, l’industrie de cette nation s’est ranimée ; l’agriculture, les manufactures, le commerce, ont fleuri ; et l’orgueil de la victoire a ordonné ce que dans un temps plus éclairé un gouvernement paternel eût voulu faire.
Philippe V était attaqué d’une mélancolie profonde
- ↑ Voltaire, Tome XXII, p. 11.