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SUR VOLTAIRE.



PETROWITZ.


Sur le procès criminel de ce prince [1].


Cette histoire a été écrite d’après des mémoires el des pièces originales envoyés de Russie. On voit que le czar a fait condamner son fils par des esclaves dont la bassesse et la barbare hypocrisie est prouvée par le style même de la sentence. Le czarovitz mourut presque subitement le lendemain de sa condamnation. Quelle fut précisément la cause de sa mort ? C’est ce qu’il est difficile de savoir. Mais, si le czar voulait conserver la vie à son fils, et se contenter de le priver de la succession au trône, quelle plate et abominable comédie que cette condamnation à mort ! quelle cruauté dans la lecture de cette sentence au malheureux czarovitz ! Cette conduite du czar, qui aurait causé la mort de son fils, serait moins criminelle, sans doute, que l’assassinat juridique, ou l’empoisonnement d’Alexis ; mais elle serait plus odieuse et plus méprisable.

On pourrait proposer cette question : Est-il peimis à un despote de faire périr son successeur naturel, lorsqu’il le croit imbécile ? Mais cette question n’en peut être une que pour ceux qui regarderaient le despotisme comme un gouvernement légitime.

  1. Voltaire, tome XXIV, p. 320.
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