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NOTES


impression sur les fanatiques, s’ils ne la regardent pas comme une décision de l’Église universelle. Or, l’article proposé pai- le tiers état, comme une loi fondamentale, contient trois parties : la première, qu’il n’est pas permis d’assassiner les rois ; toute l’Église en convient ; c’est un article de foi.

La deuxième, que l’autorité des rois de France est indépendante, quant au temporel : on en convient encore, selon du Perron ; mais pourtant ce n’est pas un article de foi.

La troisième, qu’il n’y a aucun cas où les sujets puissent être dispensés du serment de fidélité ; ce point paraît contentieux à du Perron. D’abord, jusqu’à la venue de Calvin, on a cru, dans toute l’Église, qu’on était absous du serment de fidélité envers tout prince qui violait le serment fait à Dieu et à son peuple de vivre et mourir en la religion catholique, et qu’un tel prince pouvait être déclaré déchu de tous ses droits, comme coupable de félonie envers le Christ.

Le principe, qu’il n’est pas permis d’assassiner les rois, perdrait sa force, si on le mêlait avec une proposition problématique comme cette dernière. D’ailleurs, on ne pourrait adopter en France ce principe, sans faire schisme avec le pape et le reste de l’Église catholique, qui croit le contraire. Enfin, le tiers état, en proposant cette loi, attribuait aux personnes laïques le droit déjuger des choses de la religion, ce qui est un sacrilège.

Nous ne ferons aucune réflexion sur ces principes, extraits fidèlement du discours de du Perron.