votre conscience vous prescrivent, il y a beaucoup
à parier que vous en serez plus heureux, et si vous
y perdez quelques plaisirs, songez aux risques auxquels
vous vous exposeriez, si ceux qui croient qu’il
existe un Dieu vengeur du crime avaient raison. »
Ce discours serait très-philosophique et très-raisonnable ; mais il suppose que la croyance n’est pas
nécessaire pour être à l’abri de la punition. Tout
homme qui professe une religion où la foi est nécessaire, ne peut se servir de l’argument de Pascal.
Cet argument a encore un autre vice, quand on veut l’appliquer aux religions qui prescrivent d’autres devoirs que ceux de la morale naturelle. Il ressemble alors au raisonnement d’Arnoud : « Il n’est pas prouvé que mes sachets ne guérissent point quelquefois de l’apoplexie ; il faut donc en porter pour prendre le parti le plus sûr. »
Enfin, cet argument s’appliquant à toutes les religions dont la fausseté ne serait pas démontrée, conduirait à un résultat absurde. Il faudrait les pratiquer toutes à la fois.
« Toutes les fois qu’une proposition est inconcevable, il ne faut pas nier à cette marque, mais examiner le contraire ; et si on le trouve manifestement faux, on peut affirmer le contraire, tout incompréhensible qu’il est. »
[1] Comment une proposition est-elle inconce-
- ↑ Tome XXX, p. 344.