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SUR VOLTAIRE.


PARLEMENT.


Sur la déclaration faite par le parlement de Paris, en 1593, que la loi salique était inviolable[1].


A la mort du duc de Guise, le parlement était composé d’environ cent quatre-vingts membres. Bussy en met en prison cinquante, les plus connus par leur fidélité au roi, et par leur courage. Brisson se voit forcé, à regret, de paraître ligueur. L’Archer et lui sont pendus peu de temps après, et en 1593, le parlement rend un arrêt pour le maintien de la loi salique. On peut conclure de ces faits, que le parti de Henri IV, le parti des lois et de la justice, dominait dans le parlement, et que si cette compagnie eût été libre, elle ne se fût pas écartée de la fidélité qu’elle devait au roi. Le fanatisme de quelques membres, la corruption de quelques autres vendus aux Guise et à l’Espagne, la terreur du reste, la dispersion ou la mort de tous ceux qui avaient du courage, furent cause que ce débris du parlement, renfermé dans Paris, rendit des arrêts contraires aux principes reconnus de la magistrature. Cependant l’arrêt qui reconnaissait pour roi le cardinal de Bourbon, conservait la succession dans la ligue catholique ; et il faut songer que depuis plusieurs siècles, l’idée qu’un prince hérétique perd ses droits au trône, était celle de toute l’Europe. Les protestants eux-mêmes n’étaient pas éloignés de cette doc-

  1. Voltaire, tome XXVI, p. 161.