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NOTES


rien à gagner, dans les guerres les plus heureuses, que pour un petit nombre de généraux ou de ministres ; parce qu’alors tout homme qui entreprendrait la guerre par ambition ou par humeur, serait regardé comme l’ennemi de toutes les nations, et qu’au lieu de fomenter des troubles chez ses voisins, chaque peuple emploierait ses forces pour les apaiser : lorsque tous les peuples seront convaincus que l’intérêt de chacun est que le commerce soit absolument libre, il n’y aura plus de guerre de commerce ; lorsque tous les hommes conviendront que si l’héritage d’un prince est contesté, c’est aux habitants de ses États à juger le procès entre les compétiteurs, il n’y aura plus de guerre pour des successions ou d’antiques préventions : alors les guerres devenant extrêmement rares, les auteurs des guerres étant souvent punis, on pourrait dire : les hommes jouissent d’une paix perpétuelle, comme on dit qu’ils jouissent de la sûreté dans les États policés, quoiqu’il s’y commette quelquefois des assassinats.

L’établissement d’une diète européenne pourrait être très-utile pour juger différentes contestations sur la restitution des criminels, sur les lois du commerce, sur les principes d’après lesquels doivent être décidés certains procès où l’on invoque les lois de différentes nations. Les souverains conviendraient d’un code d’après lequel ces contestations seraient décidées, et s’engageraient à se soumettre à ses décisions, ou à en appeler à leur épée ; condition nécessaire pour qu’un tel tribunal puisse s’établir, puisse être durable et utile. On peut persuader à un prince qui