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SUR VOLTAIRE.


pour prendre le parti des bourreaux contre les philosophes ? Eh ! Messieurs, déchirez nos ouvrages, calomniez nos principes ou nos actions, dénoncez nos personnes ; mais du moins, quand nous crions d’épargner le sang des hommes, n’excitez point à le verser.

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MOÏSE


(Sur le sacrifice de trente-deux filles, ordonné par)[1].


On a prétendu que ces trente-deux filles furent seulement destinées au service du tabernacle ; mais si on lit attentivement le livre des Nombres, où cette histoire est rapportée, on verra que le sens de M. de Voltaire est le plus naturel. Les Israélites avaient massacré tous les mâles en état de porter les armes, et n’avaient réservé que les femmes et les enfants. Moïse leur en fait des reproches violents ; il leur ordonne de sang-froid, plusieurs jours après la bataille, d’égorger les enfants mâles et toutes les femmes qui ne sont pas vierges. Après avoir commandé le meurtre, il prescrit aux meurtriers la méthode de se purifier. Il a oublié seulement de nous transmettre la manière dont les Juifs s’y prenaient pour distinguer une vierge d’une fille qui ne l’était pas. Ainsi il est clair que l’on peut, sans faire injure au caractère de Moïse, croire qu’après avoir ordonné le massacre de quarante mille, tant enfants mâles que

  1. Voltaire, tome XVI, p. 160.