vernements. Il aurait fallu dire, dans ce sens, que l’honneur et la vertu sont le principe des républiques, l’honneur seul celui des monarchies ; mais
il y aurait eu encore une autre observation à faire :
c’est qu’il existe dans toute constitution où le bien
est possible, un esprit public, un amour de la patrie
différent du patriotisme républicain ; cet esprit public tient à l’intérêt que tout homme qui n’est point
dépravé prend nécessairement au bonheur des
hommes qui l’entourent, au penchant naturel que
les hommes ont pour ce qui est juste et raisonnable.
Une mauvaise constitution, un établissement mal
dirigé, choquent l’esprit, comme une table dont les
pieds n’auraient pas la même forme choquerait les
yeux. Il fallait donc se borner à dire que l’amour du
bien public n’est pas le même dans les monarchies
que dans les républiques ; qu’il est dans ces dernières
plus actif, plus habituel, plus répandu ; mais que
dans les monarchies il est souvent plus éclairé, plus
pur, moins contraire à la morale universelle.
Une opinion susceptible de tant de sens différents, et qui dans aucun n’est rigoureusement exacte, ne peut guère être utile pour apprendre à juger des effets bons ou mauvais d’une loi.
Les conquêtes en Amérique et les mines du Pérou enrichirent d’abord les rois d’Espagne ; mais les
- ↑ Voltaire, tome XLV, p. 389