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NOTES


terreur ou les espérances religieuses tiennent lieu presque généralement de l’amour de la vertu.

Il est donc vraisemblable que, par principes des différents gouvernements, Montesquieu a entendu seulement les motifs qui y font agir les hommes dans leurs actions publiques, dans celles qui ont rapport aux devoirs de citoyens.

Or, sous ce point de vue, les républiques étant l’espèce de gouvernement où les hommes peuvent tirer le plus d’avantage de l’opinion publique, paraissent devoir être les constitutions dont l’honneur soit plus particulièrement le principe.

2° L’expression de Montesquieu peut avoir encore un autre sens : elle peut signifier que, dans une monarchie, on évite les mauvaises actions comme déshonorantes, et, dans une république, comme vicieuses : si par vicieuses on entend contraires à la justice naturelle, cette opinion n’est pas fondée ; la morale des républicains est très-relâchée : en général ils se permettent, sans scrupule, tout ce qui est utile à l’intérêt de la patrie, ou à ce que leur parti regarde comme l’intérêt de la patrie ; tout ce qui peut leur mériter l’estime de leurs concitoyens ou de leur parti. Ils sont donc moins guidés par la véritable vertu que par l’honneur et la justice d’opinion.

3° Il y a enfin un troisième sens : Montesquieu a-t-il voulu dire que dans les monarchies on fait, par amour de la gloire, ce que dans les républiques on fait par esprit patriotique ? Dans ce sens nous ne pouvons être de son avis : l’amour de la gloire, la crainte de l’opinion est un ressort de tous les gou-