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SUR VOLTAIRE.


les mœurs y sont plus douces, les conseils des rois européens cherchent à montrer de la modération, et ceux des rois asiatiques à inspirer la terreur. Enfin, une prison, dont le terme n’est pas fixé, est la plus forte peine que les monarques européens imposent de leur volonté seule, tandis que les despotes commandent souvent des exécutions sanglantes. Qu’on examine avec attention tous les gouvernements absolus, on n’y verra d’autres différences que celles qui naissent des lumières, des mœurs, des opinions des différents peuples.


Sur cette distinction chimérique de Montesquieu : La vertu est le principe des républiques, l’honneur l’est des monarchies [1].


Cette idée de Montesquieu a été regardée par les uns comme un principe lumineux, et par d’autres, comme une subtilité démentie par les faits. Qu’il nous soit permis d’entrer, à cet égard, dans quelques discussions :

1° Montesquieu, en disant que la vertu était le principe des républiques, et l’honneur celui des monarchies, n’a point voulu parler sans doute des motifs qui dirigent les hommes dans leurs actions particulières. Partout l’intérêt et un certain principe de bienveillance pour les autres qui ne quitte jamais les hommes, sont le motif le plus fréquent ; la crainte de l’opinion le second ; l’amour de la vertu est le dernier et le plus rare. Dans certains pays, la

  1. Voltaire, tome XXXIV, p. 217.