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SUR VOLTAIRE.

Ainsi, ce changement, purement grammatical, devient l’équivalent du retranchement de la moitié des dettes, ou des obligations payables en argent.

D’où il résulte, pour un État qui ferait une opération semblable :

1° Une réduction de la dette publique à la moitié de sa valeur, ce qui est faire une banqueroute à cinquante pour cent de perte ;

2° Une diminution de moitié dans ce que l’État paye en gages, en appointements, en pensions, ce qui fait une économie de moitié sur les places inutiles ou jugées telles, et une diminution sur les places utiles et trop payées ; car on sent que, pour les places utiles, une augmentation de gages devient une suite nécessaire de cette opération ;

3° Une diminution aussi de moitié dans les impôts qui ont une évaluation fixe en argent : on les augmente proportionnellement dans la suite ; mais cette augmentation se fait moins promptement que le changement des monnaies. Souvent un gouvernement faible a profité de cette circonstance, pour faire, dans la forme des impôts, des changements qu’il n’aurait osé tenter directement ;

4° Une perte de moitié pour les particuliers créanciers d’autres particuliers ; injustice qu’on leur fait sans aucun avantage pour l’État ;

5° Un mouvement dans le prix des denrées, qui dérange le commerce, parce que les denrées ne peuvent pas doubler de prix sur-le-champ, ni aussi promptement que l’argent.

Ainsi, cette opération est une manière de faire