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NOTES


que le célèbre Montesquieu, non-seulement ait méconnu cette vérité, mais qu’il ait fondé presque tout son ouvrage sur le préjugé contraire, que l’autorité de son nom soutient encore parmi un grand nombre de ses admirateurs.

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MONNAIES [1].


La livre numéraire n’est qu’une dénomination arbitraire qu’on emploie pour exprimer une certaine partie d’un marc d’argent. Cette proposition, le marc d’argent vaut 50 liv., est l’équivalent de celle-ci : j’appelle livre, la cinquantième partie du marc d’argent. Ainsi, un édit qui prononcerait que le marc d’argent vaudrait cent livres, ne ferait autre chose que de déclarer que dans la suite on donnera, dans les actes, le nom délivre à la centième partie du marc d’argent, au lieu de donner ce nom à la cinquantième. Celte opération est donc absolument indifférente en elle-même ; mais elle ne l’est pas dans ses effets.

Il est d’un usage général d’exprimer en livres la valeur de tous les engagements pécuniaires ; si donc on change cette dénomination de livre, et qu’au lieu d’exprimer la cinquantième partie d’un marc d’argent, par exemple, elle n’en exprime que la centième, tout débiteur, en payant le nombre de livres qu’il s’est engagé de payer, ne donnera réellement que la moitié de ce qu’il devait.

  1. Voltaire, tome XX, p. 232.