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NOTES


MANILLE.


Sur la prise de Manille, capitale des îles Philippines (31 octobre 1762)[1].


L’archevêque de Manille était gouverneur de la place ; mais il ne se conduisit point comme l’archevêque Gostin, qui défendit Paris contre les Normands. Il resta dans son palais. En vain quelques officiers français qui étaient dans la ville lui annoncèrent-ils que la brèche était praticable ; les conseillers lui soutinrent qu’il ne fallait pas que sa seigneurie s’exposât à l’aller visiter ; qu’ils savaient bien qu’elle ne l’était pas. On délibérait encore, que l’assaut était donné et la ville prise. Elle fut pillée pendant quarante heures, et rançonnée ensuite. Il y avait alors à Manille une illuminée, nommée la mère Paul ; elle assurait que les Anglais n’étaient venus que pour se convertir. Les moines annonçaient que saint François paraîtrait sur la brèche, et mettrait les Anglais en fuite avec son cordon. Personne, à Manille, ne doutait que cette ville n’eut été sauvée par lui ; lorsque les Chinois tentèrent de s’en emparer, en 1603, on l’avait vu sur les murailles combattre à la tête des Espagnols. Les Anglais firent leurs approches, et établirent leurs batteries, couverts par deux églises qui étaient hors de la ville. Le gouverneur Arandia, prédécesseur de l’archevêque, avait voulu faire abattre ces églises, sachant bien le

  1. Voltaire, tome XXII, p. 316.