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SUR VOLTAIRE.


peu de vanité passe un acte avec eux, il leur laisse prendre tous les titres qu’ils veulent, mais il ne manque pas de protester contre ces titres chez son notaire. La vanité a deux tonneaux comme Jupiter, mais le bon est souvent bien vide.

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LOUIS XVI [1].


Non-seulement Louis XVI a été sacré, ce qui, dans ce siècle, ne pouvait avoir d’autre avantage que de prolonger un peu, parmi le peuple, le règne de la superstition, et de valoir de gros profits aux fournisseurs de la cour, mais même il a touché des écrouelles, suivant l’usage établi. Louis XV en avait touché à son sacre. Une bonne femme de Valenciennes imagina qu’elle ferait fortune, si elle pouvait faire accroire que le roi l’avait guérie. Moitié espérance, moitié crainte, des médecins constatèrent la guérison. L’intendant de Valenciennes (d’Argenson) s’empressa d’en envoyer le procès-verbal authentique ; il reçut des bureaux la réponse suivante : Monsieur, la prérogative qu'ont les rois de France de guérir les écrouelles est établie sur des preuves si authentiques, quelle na pas besoin d’être confirmée par des faits particuliers. Un siècle plus tôt, les bureaux eussent mis leur politique à paraître dupes. Un siècle plus tard, aucun intendant n’osera plus

  1. Voltaire, tome XVI, p. 560.