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NOTES

nant il est assez difficile à l’orgueil d’un gentilhomme de se croire absolument l’égal d’hommes sortis d’une maison incontestablement souveraine depuis sept siècles, qui a donné deux reines à la France, qui enfin est montée sur le trône impérial.

Les honneurs des maisons de Bouillon et de Rohan ont souffert plus de difficultés. On ne peut nier qu’elles n’aient existé pendant longtemps sans être distinguées du reste de la noblesse. D’autres familles sont parvenues à posséder de petites souverainetés comme celle de Bouillon. Un grand nombre pourrait également citer de grandes alliances, et si on donnait un rang distingué à tous ceux que les généalogistes font descendre des anciens souverains de nos provinces, il y aurait presque autant d’altesses que de marquis ou de comtes.

Louis XIV avait ordonné aux secrétaires d’État de donner le monseigneur et l'altesse aux gentilshommes de ces deux maisons ; mais ceux des secrétaires d’État qui ont été tirés du corps de la noblesse se sont crus dispensés de cette loi en qualité de gentilshommes. Louvois s’y soumit ; et il écrivit un jour au chevalier de Bouillon :

Monseigneur, si votre altesse ne change pas de conduite, je la ferai mettre dans un cachot. Je suis avec respect, etc.

Maintenant ces princes ne répondent point aux lettres où l’on ne leur donne pas le monseigneur et l'altesse, à moins qu’ils n’aient besoin de vous, et la noblesse leur refuse l’un et l’autre, à moins qu’elle n’ait besoin d’eux. Quand un gentilhomme qui a un