puissance éphémère, ont osé tenir un tel langage à
des hommes qui sont la gloire de leur patrie et de
leur siècle, le sentiment du mépris qu’on éprouve
ne laisse plus de place à l’indignation. L’oppresseur
et l’opprimé sont également dans la tombe ; mais le
nom de l’opprimé, porté par la gloire aux siècles à venir, préserve seul de l’oubli, et dévoue à une honte
éternelle celui de ses lâches persécuteurs.
Ce fut dans le cours de ces orages que le lieutenant de police Hérault dit un jour à Voltaire : Quoi que vous écriviez vous ne viendrez pas à bout de détruire la religion chrétienne. — C'est ce que nous verrons, répondit-il [1].
Dans un moment où l’on parlait beaucoup d’un homme arrêté sur une lettre de cachet, suspecte de fausseté, il demanda au même magistrat ce qu’on faisait à ceux qui fabriquaient de fausses lettres de cachet : On les pend. — C'est toujours bien fait, en attendant qu’on traite de même ceux qui en signent de vrai.
Fatigué de tant de persécutions, Voltaire crut alors devoir changer sa manière de vivre : sa fortune lui en laissait la liberté. Les philosophes anciens vantaient la pauvreté comme la sauvegarde de l’indépendance ; Voltaire voulut devenir riche, pour être indépendant, et il eut également raison. On ne connaissait point, chez les anciens, ces richesses secrètes qu’on peut s’assurer à la fois dans différents pays, et mettre à l’abri de tous les orages. L’abus des con-
- ↑ Voyez la correspondance générale.