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NOTES


de la vengeance à leur valeur naturelle ; la haine de la moitié de l’Europe, une guerre civile ajoutée aux malheurs d’une guerre étrangère, la crainte de voir ses provinces livrées aux étrangers par les Français, et l’humiliante nécessité de faire un traité avec un garçon boulanger.

Voilà ce que le clergé célébrait dans des harangues, ce que la flatterie consacrait dans des inscriptions et sur des médailles.

Après lui, les protestants furent tranquilles et soumis. Albéroni forma inutilement le projet absurde de les engager à se soulever contre le régent, c’est-à-dire, contre un prince tolérant par raison, par politique et par caractère, pour se donner un maître, pénitent des jésuites, et qui s’était soumis au joug honteux de l’inquisition. Pendant le ministère du duc de Bourbon, l’évêque de Fréjus, qui gouvernait les affaires ecclésiastiques, fit rendre, en 1724, contre les protestants, une loi plus sévère que celles de Louis XIV ; elle n’excita point de troubles, parce qu’il n’eut garde de la faire exécuter à la rigueur. Aussi indifférent pour la religion que le régent, il ne voulait qu’obtenir le chapeau de cardinal, malgré l’opposition secrète du duc de Bourbon. Il trahissait, par cette conduite, et son pays, et le souverain qui lui avait accordé sa confiance ; mais quand le cardinalat est le prix de la trahison, quel prêtre est resté fidèle ?

Sous Louis XV, les protestants furent traités avec modération, sans qu’on ait rien changé cependant aux lois portées contre eux : leur fortune, leur état, celui