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SUR VOLTAIRE.


tantin, Théodose el quelques autres scélérats du Bas-Empire. Jamais ses ministres, esclaves des prêtres et tyrans de la nation, n’osèrent lui faire connaître ni l’inutilité, ni les suites cruelles de ses lois.

La nation aidait elle-même à le tromper : au milieu des cris de ses sujets innocents, expirant sur la loue et dans les bûchers, on vantait sa justice et même sa clémence. Dans les lettres, dans les mémoires du temps, on par les souvent du sanguinaire Baville comme d’un grand homme. Tel est le malheureux sort d’un prince qui accorde sa confiance à des prêtres, et qui, trompé par eux, laisse gémir sa nation sous le joug de la superstition. Louis aimait la gloire, et il marchandait honteusement la conscience de ses sujets : il voulait faire régner les lois, et il envoyait des soldats vivre à discrétion chez ceux qui ne pensaient point comme son confesseur. Il était flatté qu’on lui trouvât de la grandeur dans l’esprit, et il signait chaque mois des édits pour régler de quelle religion devaient être les marmitons, les maîtres en fait d’armes et les écuyers de ses États ; il aimait la décence, et les soldats, envoyés par ses ordres, donnaient le fouet aux filles protestantes pour les convertir.

Qu’il nous soit permis de faire ici quelques réflexions sur les causes de nos derniers troubles de religion.

L’esprit des réformés n’a été républicain que dans les pays où les souverains se sont montrés leurs ennemis. Le clergé protestant de Danemark a été un des principaux agents de la révolution qui a établi