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NOTES


nait ; car un homme qui peut, d’un moment à l’autre, être enlevé à ses travaux par un ordre, trouve plus difficilement de l’emploi qu’un homme libre.

Les tirages forcés jetaient la désolation dans les villages, faisaient abandonner tous les travaux, excitaient entre ceux qui cherchaient à se dérober au sort, et ceux qui voulaient les contraindre à le subir, des haines durables et souvent des querelles sanglantes. Ce fardeau tombait principalement sur les habitants des campagnes, qui les quittaient pour aller chercher, dans les villes, des emplois qui les missent à l’abri de ce fléau. M. de Voltaire n’avait jamais été le témoin d’un tirage de milice. Si ce spectacle, également horrible et déchirant, eût une fois frappé ses regards, il n’eut pu se résoudre à citer avec éloge cet établissement de Louis XIV.


Sur les violences exercées contre les protestants [1].


Toutes ces violences, qui déshonorent le règne de Louis XIV, furent exercées dans le temps où, dégoûté de madame de Montespan, subjugué par madame de Maintenon, il commençait à se livrer à ses confesseurs. Ces lois, qui violaient également, et les premiers droits des hommes, et tous les sentiments de l’humanité, étaient demandées par le clergé, et présentées par les jésuites à leur pénitent, comme le moyen de réparer les péchés qu’il avait commis avec ses maîtresses. On lui proposait pour modèle Cons-

  1. Tome XXI, p. 332