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NOTES


Abus et autres maladies politiques [1].


Si Colbert eût été assez éclairé sur ces objets, s’il eût proposé à Louis XIV de détruire ces abus, l’amour de ce prince pour la gloire ne lui eût point permis d’hésiter. Mais Colbert ne connaissait point assez ni ces abus, ni les moyens d’y remédier, ni surtout ceux d’y remédier sans causer au trésor royal une perte momentanée : les guerres continuelles et la magnificence de la cour rendaient ce sacrifice bien difficile. Cette cause est la seule qui, sous un gouvernement ferme, empêche de faire, dans l’administration des finances, des changements utiles. Sous un gouvernement faible, il y en existe une autre, la crainte des hommes puissants à qui la destruction des abus peut nuire, et qui se réunissent pour les protéger.


Adoucissement des mœurs[2].


C’est ici la véritable cause de la prospérité de la nation française sous Louis XIV. Les circonstances où il se trouva contribuèrent, sans doute, à cette tranquillité de l’État ; mais le caractère du roi, et la persuasion qu’il sut établir, que tout ce qui était ordonné en son nom était sa volonté propre, y servirent beaucoup. Malgré la barbarie d’une partie des lois, malgré les vices des principes d’administration, l’augmentation des impôts, leur forme onéreuse, la

  1. Tome XXI, p. 224.
  2. Tome XXI, p. 216.