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SUR VOLTAIRE.


testament de Charles II et le consentement des peuples. Le traité fait avec l’Angleterre paraît donc injuste ; et ce n’est pas de l’avoir violé, mais de l’avoir proposé, qu’on peut faire un reproche à Louis XIV. Devait-il regarder comme absolument nul cet engagement injuste, ou devait-il, en laissant la liberté à son petit-fils d’accepter ou de refuser, se croire obligé à ne lui point donner de secours contre les puissances avec lesquelles il avait pris des engagements ? La guerre qu’elles eussent faite au nouveau roi d’Espagne n’eût-elle point été évidemment injuste ? et l’engagement de ne pas défendre son petit-fils, injustement attaqué, aurait-il pu être légitime ?


Sur les codes des eaux et forêts, du commerce, de la marine, etc.[1].


Tous ces codes sont des monuments de l’ignorance où la France et toute l’Europe, à l’exception de l’Angleterre, étaient plongées sur les objets qui intéressent le plus les hommes. Pussort, loué par Despréaux, n’avait d’autre mérite que d’être parent de Colbert, et d’avoir montré autant de barbarie que de bassesse dans l’affaire de Fouquet. Le code criminel est une preuve du mépris que des hommes, qui se croient au-dessus des lois, osent quelquefois montrer pour le peuple ; le code noir n’a servi qu’à montrer que les gens de lois, consultés par Louis XIV, n’avaient aucune idée des droits de l’humanité.

  1. Voltaire, Tome XXI, p. 201.