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NOTES


moires prouvent qu’à cette époque Louis XIV avait beaucoup plus de politique que de zèle pour la religion. Après avoir acheté la nation anglaise de Charles II, Louis XIV, peu satisfait de lui, se lia avec les mécontents, et leur fournit également de l’argent contre Charles et contre ce même Jacques qu’il protégea depuis avec tant d’opiniâtreté. Dallymple a imprimé la liste de ces pensionnaires du roi de France, avec les sommes données à chacun. On y trouve le nom d’Algernon Sidney, avec une somme qui n’aurait pas suffi pour séduire son secrétaire. Il est vraisemblable, ou que Barillon trompait Louis XIV avec ces listes, comme d’autres gens le trompèrent depuis avec des listes de conversions ; ou (ce qui est plus probable encore) que quelque intrigant subalterne trompa Barillon, et garda pour lui-même l’argent qu’il prétendait avoir fait accepter à Sidney.


Sur la question de savoir si Louis XIV devait accepter le testament de Charles II, roi d’Espagne, ou s’en tenir au traité de partage [1].


A ne considérer que la justice, cette question était délicate. Le traité de partage liait Louis XIV, mais il n’avait aucun droit de priver son petit-fils d’une succession qui était indépendante de son autorité. Il avait encore moins celui de donner à l’Espagne un autre maître que celui qui était appelé au trône par la règle ordinaire des successions, par le

  1. Tome XX, p. 482