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NOTES


des monnaies anciennes ne pouvant ni les employer dans le commerce, ni les vendre avec avantage comme matière, la valeur des billets devait augmenter ; mais cette hausse était plus que compensée par la diminution de la confiance. Il finit par défendre de garder de l’argent chez soi. L’effet de cette dernière loi fut encore de rendre l’argent plus rare, mais aussi de faire tomber les billets de plus en plus. Au milieu de toutes ces lois, le public de Paris, occupé, non plus des fortunes qu’on pouvait faire en actions ou en payant ses dettes en billets, mais de celle que l’agiotage de ces billets faisait espérer, ne voyait encore qu’à demi l’illusion des projets de Law. Lui-même, enfin, réduisit ses billets à la moitié de leur valeur ; alois le prestige qui l'avait soutenu fut absolument dissipé, et Law fut obligé de quitter le ministère et la France.

Telle est l’histoire abrégée de ce système, tel que nous avons pu le saisir au milieu de cette foule de lois et d’opérations qui se succédaient avec une rapidité dont il n’y a peut-être jamais eu d’exemples.

L’ignorance où l’on était alors, principalement en France, sur la nature et les effets des opérations de ce genre, fut la seule cause du succès momentané du système de Law, des révolutions prodigieuses qu’il causa dans les fortunes ; son effet dans l’administration fut une banqueroute partielle, faite de la manière la plus injuste, la plus propre à multiplier les désastres particuliers ; et il n’en est resté dans les esprits que des préjugés contre les billets de banque, qui, cependant, peuvent souvent être utiles, soit