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NOTES


des privilèges de commerce, en admettant les porteurs de billets au partage de ces profits. Il était clair, en effet, que dès lors le papier pouvait valoir, outre la somme qu’il représentait, un profit plus ou moins considérable ; il devait donc, suivant l’idée qu’on aurait de la possibilité de ces profits, ou se maintenir au niveau de sa valeur, ou même s’élever au-dessus. Le gouvernement avait besoin d’une confiance moins grande, puisque l’espérance de gagner doit engager à courir des risques ; mais il fallait que le profit espéré fût au-dessus de l’intérêt ordinaire du commerce, et dès lors l’établissement de la banque n’était plus qu’un emprunt onéreux pour l’État. Aussi ce n’était point ce que voulait Law ; il espérait seulement accréditer les billets par des espérances vagues ou plutôt trompeuses, comptant que lorsque la nation y serait accoutumée, ils pourraient se soutenir d’eux-mêmes ; et c’est surtout dans cette partie de ses opérations qu’il se permit d’employer la charlatanerie. Nous n’en citerons qu’un exemple : lorsqu’il accorda à la banque le privilège du commerce d’Afrique, il y joignit une petite prime pour chaque livre d’or qu’elle introduirait en France. Cette prime n’était pas un cinquième pour cent de la valeur, et par conséquent ne pouvait être comptée pour quelque chose, qu’en supposant l’introduction d’une grande quantité de livres d’or. Le premier moyen réussit ; les actions gagnèrent, et Law les multipliait à l’excès, en y attachant toujours de nouveaux profils en espérance.

Ces charlataneries ne pouvaient soutenir le crédit