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SUR VOLTAIRE.


lorsque la somme de ces billets est supérieure à celle qu’on suppose que la banque peut réunir en argent, cette opinion ne peut s’établir que peu à peu, et par l’habitude. En supposant même la confiance entière, la valeur totale des billets doit encore avoir des bornes ; si elle surpasse la quantité d’argent nécessaire pour la circulation, c’est-à-dire pour les opérations du commerce intérieur, le surplus devient inutile, et ceux qui le possèdent doivent chercher à le réaliser. Il faudrait donc que, outre la somme nécessaire à tenir en réserve pour liquider les billets qui servent à la circulation, la banque eût toujours, en argent comptant, une somme égale à la valeur de ces billets superflus. Ainsi, loin d’être utiles à la banque dont ils seraient sortis, ou à l’État qui les aurait employés, ils leur deviendraient à charge, et les exposeraient à perdre leur crédit, s’ils n’avaient pas des moyens sûrs, quoique onéreux, de rassemble en peu de jours les sommes nécessaires pour ces liquidations. Les États-Unis d’Amérique, tout éclairés qu’ils sont, n’ont pas senti ces vérités si simples, et le discrédit rapide de leurs papiers a prouvé combien l’opinion de l’usage indéfini d’un papier monnaie était peu fondée.

Law paraît avoir été dans la même erreur ; mais il savait très-bien que si l’on se bornait, dans la circonstance où il se trouvait, à payer les dettes en papier-monnaie, ces billets seraient bientôt sans valeur ; il fallait donc chercher à leur en donner une. Il employa pour cela trois moyens : le premier consistait à donner à la banque des profits de finance ou