lorsque la somme de ces billets est supérieure à celle
qu’on suppose que la banque peut réunir en argent,
cette opinion ne peut s’établir que peu à peu, et par
l’habitude. En supposant même la confiance entière,
la valeur totale des billets doit encore avoir des
bornes ; si elle surpasse la quantité d’argent nécessaire pour la circulation, c’est-à-dire pour les opérations du commerce intérieur, le surplus devient
inutile, et ceux qui le possèdent doivent chercher
à le réaliser. Il faudrait donc que, outre la somme
nécessaire à tenir en réserve pour liquider les billets
qui servent à la circulation, la banque eût toujours,
en argent comptant, une somme égale à la valeur
de ces billets superflus. Ainsi, loin d’être utiles à la banque dont ils seraient sortis, ou à l’État qui les
aurait employés, ils leur deviendraient à charge,
et les exposeraient à perdre leur crédit, s’ils n’avaient pas des moyens sûrs, quoique onéreux, de rassemble en peu de jours les sommes nécessaires pour
ces liquidations. Les États-Unis d’Amérique, tout
éclairés qu’ils sont, n’ont pas senti ces vérités si simples, et le discrédit rapide de leurs papiers a prouvé combien l’opinion de l’usage indéfini d’un papier monnaie était peu fondée.
Law paraît avoir été dans la même erreur ; mais il savait très-bien que si l’on se bornait, dans la circonstance où il se trouvait, à payer les dettes en papier-monnaie, ces billets seraient bientôt sans valeur ; il fallait donc chercher à leur en donner une. Il employa pour cela trois moyens : le premier consistait à donner à la banque des profits de finance ou