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NOTES


le parlement de Paris le condamna, par contumace, à la confiscation de ses terres et au bannissement. Cependant le duc arrive à la cour, protégé par le duc de Bourgogne, alors tout-puissant. Le parlement députe au roi pour lui faire sentir la nécessité de maintenir son arrêt. Juvenel arrive avec la députation au palais du roi, à l’instant même où le duc de Bourgogne allait lui présenter le duc de Lorraine. il expose avec force les motifs du parlement. Le duc de Bourgogne, indigné de se voir arrêté par l’activité et le courage de Juvenel : Jean Juvenel, lui dit-il, ce n'est pas ainsi qu’on agit. Si fait, Monseigneur, dit Jean Juvenel ; et il ajouta : Que tous ceux qui sont bons citoyens se joignent à moi, et que les autres restent avec M. de Lorraine. Le duc, étonné, quitte la main du duc de Lorraine, se joint à Juvenel ; et le duc de Lorraine est obligé d’implorer la clémence du roi. Avouons que ce trait vaut bien celui de Popilius.

Après l’assassinat du duc d’Orléans, le duc de Bourgogne, maître de Paris, livrait aux bourreaux ceux des Armagnacs qui n’avaient pu s’échapper ; une troupe de scélérats, à ses ordres, emprisonnait, forçait à des rançons, assassinait ceux qu’on n’osait ou qu’on ne daignait pas livrer à un supplice public. Le roi, la reine, le dauphin Louis, gendre du duc de Bourgogne, étaient prisonniers et exposés à l’insolence des satellites bourguignons. Juvenel ose concevoir seul l’idée de les délivrer et de sauver l’État. Il était aimé du peuple, et surtout de celui de son quartier. Il sait à la fois relever son courage, exciter