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SUR VOLTAIRE.

sécuta les ministres. On ôta l’épée de connétable à Clisson ; Nogent et la Rivière, furent emprisonnés ; Juvenel prit leur défense, et les sauva. Le duc de Bourgogne, Philippe, irrité contre lui, veut le faire décapiter dans les halles ; c’était alors le sort des gens en place disgraciés, comme l’exil il y a quelque temps, et maintenant l’oubli. On suborne des témoins contre lui ; Juvenel était cher au peuple. Un cabaretier, qui avait surpris le cahier des informations (car c’était au cabaret que se traitaient les intrigues du gouvernement), s’expose à tout pour l’avertir ; Juvenel, instruit, ne laisse pas le temps d’accomplir le projet, se présente hardiment aux princes, et réduit ses adversaires au silence. Echappé de ce danger, il conserve tout son courage ; attaché au roi et à l’État, au milieu des factions des Orléanais et des Bourguignons, il ose reprocher au duc d’Orléans ses dissipations, sa légèreté et ses débauches, et lui en prédire les suites. Il reproche avec la même franchise, au duc de Bourgogne, ses liaisons avec des scélérats, et son obstination à tirer vanité de l’assassinat du duc d’Orléans.

En 1410, il devient avocat du roi au parlement ; c’était dans le temps où le grand schisme d’Occident agitait toute l’Europe. Juvenel soutient que le roi a droit d’assembler son clergé, d’y présider, et, après l’avoir consulté, de choisir le pape qu’il voudra reconnaître ; maximes qui annoncent des idées supérieures à son siècle.

Le duc de Lorraine avait fait abattre les armes de France, placées dans ses terres qui relevaient du roi ;