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SUR VOLTAIRE.


esprit el en talents, à Marc-Antonin, son modèle, le seul empereur qui, comme lui, ait laissé des ouvrages. Pour bien juger les écrits philosophiques de Julien et son livre contre les chrétiens, il faut le comparer, non aux ouvrages des philosophes modernes, mais à ceux des philosophes grecs, des savants de son siècle, des pères de l’Église : alors on trouvera peu d’hommes qu’on puisse comparer à ce prince, mort à trente-deux ans, après avoir gagné des batailles sur le Rhin et sur l’Euphrate.

Il mourut, au sein de la victoire, comme Epaminondas, et conversant paisiblement avec les philosophes qui l’avaient suivi à l’armée. Des fanatiques avaient prédit sa mort, et les Perses, loin de s’en vanter, en accusèrent la trahison des Romains. On fut obligé d’employer des précautions extraordinaires pour empêcher les chrétiens de déchirer son corps et de profaner son tombeau.

Jovien, son successeur, était chrétien. Il fit un traité honteux avec les Perses, et mourut au bout de quelques mois, d’excès de débauche et d’intempérance.

Ceux qui reprochent à Julien de n’avoir pas assuré à l’Empire un successeur digne de le remplacer, oublient la brièveté de son règne ; la nécessité de commencer par rétablir la paix, et la difficulté de pourvoir au gouvernement d’un empire immense dont la constitution exigeait un seul maître, ne pouvait souffrir un monarque faible, et n’offrait aucun moyen pour une élection paisible.

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