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NOTES


cavalerie d’élite, passe le Rhin, traverse la Germanie et la Pannonie, partie sur les terres de l’Empire, partie sur celles des Barbares, et on le voit descendre des montagnes de Macédoine, lorsqu’on le croyait encore dans les Gaules. Cette marche, unique dans l’histoire, est à peine connue ; car la haine des prêtres a envié à Julien jusqu’à sa gloire militaire.

En seize mois de règne il assura toutes les frontières de l’Empire, fit respecter partout sa justice et sa clémence, étouffa les querelles des chrétiens, qui commençaient à troubler l’Empire, et ne répondit à leurs injures, ne combattit leurs intrigues et leurs complots que par des raisonnements et des plaisanteries. Il fit enfin contre les Parthes cette guerre, dont l’unique objet était d’assurer aux provinces d’Orient une barrière qui les mît à l’abri de toute incursion. Jamais un règne si court n’a mérité autant de gloire. Sous ses prédécesseurs, comme sous les princes qui lui ont succédé, c’était un crime capital de porter des vêtements de pourpre. Un de ses courtisans lui dénonça un jour un citoyen qui, soit par orgueil, soit par folie, s’était paré de ce dangereux ornement ; il ne lui manquait, disait-on, que des souliers de pourpre. Portez-lui-en une paire de ma part, dit Julien, afin que l’habillement soit complet.

La Satire des Césars est un ouvrage rempli de finesse et de philosophie ; le jugement sévère, mais juste et motivé, porté sur ces princes par un de leurs successeurs, est un monument unique dans l’histoire. Dans ses lettres à des philosophes, dans son discours aux Athéniens, il se montra supérieur, en