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SUR VOLTAIRE.


menceront à sentir qu’il n'est pas plus raisonnable de consulter, sur la législation, les théologiens que les danseurs de corde.

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JULIEN (L’EMPEREUR) [1].


M. de Voltaire a osé le premier rendre une justice entière à ce prince, l’un des hommes les plus extraordinaires qui aient jamais occupé le trône. Chargé, très-jeune et au sortir de l’école des philosophes, du gouvernement des Gaules, il les défendit avec un égal cou rage contre les Germains et contre les exacteurs qui les ravageaient au nom de Constance. Sa vie privée était celle d’un sage ; général habile et actif pendant la campagne, il devenait l’hiver un magistrat appliqué, juste et humain. Constance voulut le rappeler ; l’armée se souleva et le força d’accepter le litre d’Auguste.Les détails de cet événement, transmis par l’histoire, nous y montrent Julien aussi irréprochable que dans le reste de sa vie. Il fallait qu’il choisît entre la mort et une guerre contre un tyran souillé de sang et de rapines, avili par la superstition et la mollesse, et qui avait résolu sa perte. Son droit était le même que celui de Constantin, qui n’avait pas, à beaucoup près, d’excuses aussi légitimes.

Tandis que son armée, conduite par ses généraux, marche en Grèce, en traversant les Alpes, et le nord de l’Italie, Julien, à la tête d’un corps de

  1. Voltaire, tome XLI, p. 195.