Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 4.djvu/456

Cette page n’a pas encore été corrigée
442
NOTES


eût ville dauphin faire assassiner son beau-père sous ses yeux ?

Le partisans du dauphin ont prétendu que le duc de Bourgogne ayant proposé au dauphin de venir vers son père, et que le dauphin l’ayant refusé, après quelques discours, le siie de Noailles saisit le dauphin, et mit la main sur son épée ; qu’alors Tanneguy emporta le dauphin dans ses bras, et lui sauva une seconde fois la liberté et la vie (car ce fut lui qui, lorsque le duc de Bourgogne entra dans Paris et fit le massacre des Armagnacs, prit le dauphin dans son lit, et l’emporta sur son cheval à Vincennes ) ; que les autres suivants du dauphin se retirèrent, excepté quatre qui tuèrent le duc de Bourgogne et le sire de Noailles. Ce récit est beaucoup plus vraisemblable que ceux de la faction bourguignonne.

De ces quatre, trois avouèrent qu’ils avaient tué le duc de Bourgogne, parce qu’ils avaient vu qu’il voulait faire violence au dauphin. Un d’eux, ancien domestique du duc d’Orléans, se vantait d’avoir coupé la main du duc Jean, comme il avait coupé celle de son maître. Le quatrième avoua qu’il avait tué le sire de Noailles, parce qu’il lui avait vu tirer à demi son épée. (Voyez l'Histoire de Charles VI, par Juvenel des Ursins.)

Nous croyons donc que l’on doit regarder le dauphin et Tanneguy du Châtel comme absolument innocents, non-seulement de l’assassinat prémédité, mais même du meurtre du duc Jean ; qu’il n’y eut rien de prémédité dans cet assassinat, qui n’eut