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SUR VOLTAIRE.


les autres, devant une espèce de tribunal ; c’est une simple déclaration par-devant notaire ; déclaration écrite en latin, tandis que les autres sont en français, ce qui prouve qu’elle n’a pas été dictée par les deux écuyers. Pourquoi, au lieu de ces discours tenus à ses écuyers, n’a-t-on pas son testament de mort ? S’il existe, est-il conforme à la déclaration des deux écuyers ?

Le dauphin et le duc devaient être accompagnés chacun de dix personnes ; le dauphin était faible, peu accoutumé aux aimes ; le duc de Bourgogne était très-fort. Cependant le dauphin mena avec lui, parmi les dix, trois hommes de robe sans aimes. Ce serait la première fois que, dans un assassinat prémédité, on aurait pris volontairement des gens inutiles.

Le duc Philippe voulait faire périr sur un échafaud les meurtriers de son père ; le roi d’Angleterre, Henri V, avait entre ses mains Barbasan et Tanneguy du Châtel, les deux hommes que la faction bourguignonne haïssait le plus ; jamais il ne voulut consentir à les livrer au duc, et il les relâcha, quoique les meurtriers du duc de Bourgogne fussent exceptés de toute capitulation. Henri V était fourbe et féroce ; il avait besoin du duc de Bourgogne ; il fallait donc que lui et les Anglais qui l’accompagnaient fussent bien convaincus de l'innocence de ces deux hommes.

Charles, duc de Bourbon, gendre du duc, était avec lui ; il suivit le dauphin, et combattit pour lui dans la même année en Languedoc, où il prit Béziers. Est-il vraisemblable qu’il eût tenu cette conduite, s’il