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SUR VOLTAIRE.


par lâcheté, mais d’après l’idée superstitieuse qui faisait croire que Dieu accordait la victoire à la cause de la vérité.

Le duc de Bourgogne avait cependant avoué hautement l’assassinat du duc d’Orléans ; il avait fait soutenir, par le cordelier Jean Petit, que c’était une bonne action.

Pourquoi, si le dauphin eût vengé ce crime pai-un crime semblable, n’eût-il pas avoué qu’il avait traité le duc de Bourgogne suivant ses propres principes ? Tanneguy du Châtel était un homme d’une grande générosité. Charles VII fut obligé de le sacrifier au connétable de Richemond. Tanneguy se retira dans la ville d’Avignon, sans se plaindre ; après avoir même exhorté le roi à faire, à ses dépens, cette réconciliation nécessaire. Dans ce temps de barbarie, un homme de ce caractère pouvait tramer un assassinat ; mais il n’est pas vraisemblable qu’il l’eût nié ; au contraire, il eût mis de la hauteur à s’en charger pour disculper le dauphin. Attaché au duc d’Orléans, assassiné par Jean de Bourgogne, il eût déclaré qu’il avait vengé son ami.

On a prétendu que Tanneguy s’était vanté de ce meurtre, qu’il portait la hache avec laquelle il avait frappé le duc. Mais, ou la pièce qui rapporte ce fait ne regarde pas du Châtel, où elle n’est digne d’aucune créance. Tanneguy du Châtel, qui avait, en 1404, fait une descente en Angleterre, à la tète de quatre cents gentilshommes, pour venger la mort de son frère qui, la même année, en repoussant les Anglais qui étaient venus à leur tour en Bretagne, avait tué leur