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SUR VOLTAIRE.

Il y a dans ces îles quelques traces d’un gouvernement féodal, comme un amiral, indépendant du chef suprême, des chefs particuliers que ce premier chef ne nomme pas, et qui, dans les affaires où la nation entière est intéressée, reçoivent ses ordres pour les porter à leurs vassaux. Mais on doit trouver à peu près ces mêmes usages dans toutes les nations qui se sont formées par la réunion volontaire de plusieurs peuplades.

On distingue aussi deux classes d’hommes dans plusieurs de ces îles : celle qui a le plus de force et de beauté, a aussi plus d’intelligence et des mœurs plus douces ; elle domine l’autre, mais sans l’avoir réduite à l’esclavage.

La terre est en général très-fertile, mais elle n’offre rien jusqu’ici qui puisse tenter l’avarice européenne. Les Anglais y ont porté des animaux utiles, des instruments de culture, y ont semé des graines de l’Europe. Ils ont voulu ne faire connaître la supériorité des Européens que par leurs bienfaits.

Cependant la même nation, dans le même temps, se souillait en Amérique et en Asie de toutes les perfidies, de toutes les barbaries. C’est que, chez les peuples les plus éclairés, il y a encore deux nations : l’une est instruite par la raison et guidée par l’humanité, tandis que l’autre reste livrée aux préjugés et à la corruption des siècles d’ignorance.

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