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SUR VOLTAIRE.


mian, à qui l’Italie doit la renaissance des lumières, que, depuis le temps de Fra-Paolo, la superstition se flattait d’avoir pour jamais étouffées.

Ce tribunal vient d’être détruit en Sicile, par M. de Caraccioli, vice-roi de cette île, l’un des hommes d’État de l’Europe les plus savants et les plus éclairés, et que nous avons vu longtemps à Paris un des hommes les plus aimables delà société. La liberté du commerce des grains, celle de fabriquer et de vendre du pain, vient d’être accordée par lui à ce pays, où de si mauvaises lois avaient si longtemps rendu inutiles, et la fertilité du sol, et les avantages de la situation la plus heureuse, et le génie des compatriotes de Théocrite et d’Archimède.

Cependant l’inquisition a repris de nouvelles forces en Espagne : elle oblige plusieurs jeunes Espagnols, qui annonçaient des talents pour les sciences, de renoncer à leur patrie. Elle a poursuivi Olavidès, qui avait créé, dans un désert, une province peuplée d’hommes laborieux et pleins d’industrie, mais qui avait commis le plus grand des crimes aux yeux des prêtres, celui d’avoir bien connu toute l’étendue du mal qu’ils ont fait aux hommes.

[1] Gênes et Venise ont la faiblesse delà conserver (l’inquisition) ; maison ne lui laisse aucune activité. Elle subsiste, mais sans pouvoir, dans les États de la maison de Savoie. La gloire d’abolir ce monument odieux du fanatisme et de la barbarie de nos pères n’a encore tenté aucun souverain pontife. L'inquisi-

  1. Voltaire, tome XLI, p. 353.