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NOTES


IMPOT UNIQUE.


Sur la proposition, qui a fait rire les Anglais, d’établir un impôt unique en France [1].


Cela est vrai, mais l’Angleterre est un des pays de l’Europe où l’on trouve le plus de préjugés sur tous les objets de l’administration et du gouvernement. Tout écrivain politique, en Angleterre, peut prétendre aux places, et rien ne nuit plus dans la recherche de la vérité, que d’avoir un intérêt bien ou mal entendu, de la trouver conforme plutôt à une opinion qu’à une autre. Il est très-possible, par cette raison, que les lumières aient moins de peine à se répandre dans une monarchie que dans une république ; et s’il existe dans les républiques plus d’enthousiasme patriotique, on trouve dans quelques monarchies un patriotisme plus éclairé.

D’ailleurs, l’établissement d’un impôt unique est une opération qui doit se faire avec lenteur, et qui exige, pour ne causer aucun désordre passager, beaucoup de sagesse dans les mesures. Il faut, en effet, s’assurer d’abord par quelles espèces de propriétés, par quels cantons chaque espèce d’impôts est réellement payée, et dans quelle proportion chaque espèce de propriété, chaque canton ou la totalité de l’État y contribuent ; il faut répartir ensuite dans la même proportion l’impôt qui doit les remplacer.

Il faut, par conséquent, avoir un cadastre général

  1. Voltaire, tome XLV, p. 29.