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SUR VOLTAIRE.


punis ; on rendit des honneurs à sa mémoire. L’assassinat juridique de Jean Huss, au contraire, a été suivi de dix mille assassinats semblables, dont aucun n’a été ni puni, ni réparé, même par un repentir inutile. Les grands crimes, les usages barbares que nous reprochons aux anciens tenaient à cette férocité, qui est l’abus de la force. Les usages barbares des nations modernes sont nés, au contraire, de la superstition, c’est-à-dire, de la peur et de la sottise.

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IMAGINATION.


Sur l’opinion de l’influence de l’imagination des mères sur le fœtus les premiers[1].

L’opinion que l’imagination des mères influe sur le fœtus a été longtemps admise, presque généralement ; les philosophes mêmes se croyaient obligés de l’expliquer. L’impossibilité de cette influence n’est pas, sans doute, rigoureusement prouvée, mais c’est tout ce qu’on peut accorder ; et pour établir une opinion de ce genre, il faudrait une suite de faits bien constatés quant à leur existence, et tels qu’ils ne puissent être attribués au hasard ; et c’est ce qu’on est bien éloigné d’avoir. Les exemples qu’on cite sont bien plus propres à montrer le pouvoir de l’imagination sur nos jugements, sur notre manière de voir, qu’à prouver le pouvoir de celle de la mère sur le fœtus.

  1. Voltaire, tome XVIII, p. 483.