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VIE DE VOLTAIRE.


lèbre que comme chancelier ; Shakspeare, dont le génie et les fautes grossières sont un phénomène dans l’histoire de la littérature ; Congrève, Wicherley, Addison, Pope, dont les noms étaient presque inconnus même de nos gens de lettres ; ces quakers fanatiques, sans être persécuteurs, insensés dans leur dévotion, mais les plus raisonnables des chrétiens dans leur croyance et dans leur morale, ridicules aux yeux du reste des hommes pour avoir outré deux vertus, l’amour de la paix et celui de l’égalité ; les autres sectes qui se partageaient l’Angleterre ; l’influence qu’un esprit général de liberté y exerce sur la littérature, sur la philosophie, sur les arts, sur les opinions, sur les mœurs ; l’histoire de l’insertion de la petite vérole, reçue presque sans obstacle, et examinée sans prévention, malgré la singularité et la nouveauté de cette pratique : tels furent les objets principaux traités dans cet ouvrage.

Fontenelle avait le premier fait parler, à la raison et à la philosophie, un langage agréable et piquant ; il avait su répandre sur les sciences la lumière d’une philosophie toujours sage, souvent fine, quelquefois profonde : dans les Lettres de Voltaire, on trouve le mérite de Fontenelle avec plus de goût, de naturel, de hardiesse et de gaieté. Un vieil attachement aux erreurs de Descartes n’y vient pas répandre, sur la vérité, des ombres qui la cachent ou la défigurent. C’est la logique et la plaisanterie des Provinciales, mais s’exerçant sur de plus grands objets, n’étant jamais corrompues par un vernis de dévotion monacale.