semblent avoir prouvé que l’embryon existe avant
la fécondation dans l’œuf des oiseaux, et par analogie
dans la femelle vivipare, que la substance du sperme
est nécessaire pour la fécondation, et qu’une quantité
presque infiniment petite peut suffire. Mais
comment dans ce système expliquer la ressemblance
des mulets avec leurs pères ? Comment cet embryon
et cet œuf se forment-ils dans la femelle ? Comment
le sperme agit-il sur cet embryon ? Voilà ce qu’on
ignore encore. Peut-être quelque jour en saura-t-on
davantage. Les vers spermatiques ne deviennent plus
du moins des hommes, ni des lapins. Quant aux
molécules organiques, elles, ressemblent trop aux
monades ; mais remarquons, à l’honneur de Leibnitz,
que jamais il ne s’est avisé de prétendre avoir vu des
monades dans son microscope.
Le Père Hardouin cherchait à prouver qu’un Dieu, tel que les cartésiens le concevaient, ne pouvait ressembler au véritable Dieu, tel que l’admettent les chrétiens ; puisque ce Dieu des philosophes devait gouverner le monde par des lois générales et invariables, ce qui, selon le Père Hardouin, détruisait toute espèce de révélation particulière et toute religion, même la religion naturelle. Il prouvait que ces philosophes étaient athées, par les mêmes arguments
- ↑ Voltaire, tome XX, p. 110.